Présidentielle au Cameroun : Paul Biya, 92 ans, réélu pour la huitième fois ; son opposant Issa Tchiroma Bakary dénonce une « mascarade »
Des résultats contestés et une opposition déterminée
L e président sortant Paul Biya a été officiellement réélu pour un huitième mandat à la tête du Cameroun, selon les résultats publiés par le Conseil constitutionnel. Avec 53,66 % des voix, il l’emporte face à son principal adversaire, Issa Tchiroma Bakary, qui conteste fermement ces résultats. Ce dernier affirme, sur la base de son propre décompte, avoir obtenu 54,8 % des suffrages contre seulement 31,3 % pour Paul Biya, qualifiant le scrutin de « mascarade ».
Des résultats contestés et une opposition déterminée Le Conseil constitutionnel a validé le score officiel attribué à Paul Biya, clôturant ainsi une élection présidentielle marquée par une forte controverse. Issa Tchiroma Bakary, figure majeure de l’opposition, a immédiatement rejeté ces chiffres publiés, dénonçant de graves irrégularités et une fraude massive. Selon lui, le processus électoral n’a pas respecté les standards démocratiques minimaux, privant ainsi les Camerounais de leur véritable choix. Les résultats officiels indiquent un avantage confortable pour Paul Biya, reconfirmant son règne ininterrompu depuis 1982. À 92 ans, il devient le président en exercice le plus âgé du continent africain, une longévité politique exceptionnelle. Cette huitième élection présidentielle marque la continuité d’un pouvoir quasi absolu, soulevant des questions sur l’alternance et la démocratie au Cameroun.
Des manifestations réprimées dans plusieurs villes Malgré les interdictions des autorités, des manifestations ont éclaté à Douala, principale ville économique située dans la région du Sud-Ouest, ainsi qu’à Garoua, dans le Nord. Ces mobilisations, déclenchées par l’appel d’Issa Tchiroma Bakary à « défendre sa victoire », ont rassemblé plusieurs centaines de manifestants. Les forces de l’ordre sont intervenues avec fermeté, utilisant des mesures répressives pour disperser les foules. Les journalistes de l’AFP sur place ont constaté l’intensité des heurts, et plusieurs blessés ont été signalés. La fermeté des forces de sécurité témoigne de la volonté du régime de maintenir un ordre strict, mais elle suscite également l’inquiétude de nombreux observateurs. Ces manifestations non autorisées traduisent un profond mécontentement populaire et une défiance croissante envers le pouvoir en place.
Risque d’escalade et inquiétudes des experts Plusieurs experts en sécurité et analystes politiques craignent que la situation ne dégénère. La répression des manifestations, conjuguée à la contestation persistante de l’opposant, crée un climat d’instabilité potentielle. Le Cameroun, déjà secoué par des tensions dans ses régions anglophones et par des troubles dans le Grand Nord, pourrait voir s’amplifier les violences politiques. Des voix appellent à la retenue et à un dialogue inclusif entre le pouvoir et l’opposition, afin d’éviter une radicalisation du conflit. Le faible niveau de confiance dans les institutions électorales et l’absence de transparence renforcent la fragilité du cadre démocratique camerounais. L’échec à garantir une élection libre et équitable reste un défi majeur pour la légitimité du régime.
Un horizon politique incertain Cette réélection de Paul Biya illustre la permanence d’un système politique dominé par un pouvoir centralisé et une opposition fragmentée. La contestation des résultats prend un relief particulier dans un contexte où la jeunesse et la société civile réclament des réformes profondes. Si Paul Biya conserve son mandat, son administration fait face à la pression croissante d’un pays en quête de renouveau. Le maintien au pouvoir d’un dirigeant de 92 ans invite à s’interroger sur la transition démocratique au Cameroun. L’absence d’alternance politique crédible risque de prolonger l’impasse actuelle, avec à la clé des tensions sociales grandissantes. À court terme, la priorité reste la stabilisation du climat politique et le respect des droits fondamentaux des citoyens. Le scrutin présidentiel camerounais, marqué par la réélection contestée de Paul Biya, révèle une démocratie en mal de transparence et de confiance. Les résultats officiels confortent le président sortant, tandis que la contestation d’Issa Tchiroma Bakary et les manifestations qui ont suivi signalent un profond malaise. Face à ce paysage, la communauté nationale et internationale se retrouvent confrontées à la nécessité d’un dialogue démocratique sincère, condition indispensable pour préserver la paix sociale et la stabilité du pays.
