Quelle ambition pour le Gabon a la COP30 ?
La place du Gabon dans les négociations
À quelques semaines de la prochaine Conférence des Parties (COP30) qui se tiendra du 10 au 21 novembre 2025 à Belém au Brésil, l’attention de la communauté internationale se tourne une fois de plus vers les négociations climatiques. Entre ambitions globales et réalités nationales, le Gabon, pays forestier par excellence, entend y jouer un rôle clé.
QU’EST-CE QUE LA COP ? La Conférence des Parties (COP) est l’organe suprême de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Elle réunit chaque année les États signataires afin de dresser le bilan des engagements pris en matière de lutte contre le réchauffement climatique et de définir de nouvelles orientations. Depuis la première COP en 1995 à Berlin, ces conférences sont devenues le principal espace de gouvernance mondiale sur le climat. Elles ont permis la signature d’accords historiques, tels que le Protocole de Kyoto (1997) et l’Accord de Paris (2015), qui fixent des objectifs contraignants de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
DES RESULTATS ENCORE MITIGES Si la COP se veut le cœur de la diplomatie climatique internationale8, les résultats concrets tardent à se traduire en actions suffisantes. Les experts pointent une mise en œuvre lente des engagements, un financement climatique inégal et une dépendance persistante aux énergies fossiles. Certes, les pays développés ont promis 100 milliards de dollars par an pour aider les pays en développement à s’adapter et à atténuer les effets du changement climatique, mais ce montant reste en deçà des besoins réels, estimés à plusieurs centaines de milliards. De nombreux observateurs estiment ainsi que les COP successives ont permis de maintenir le dialogue, sans pour autant inverser la tendance du réchauffement global, qui frôle désormais les +1,2 °C.
LA PLACE DU GABON DANS LES NEGOCIATIONS Pays couvert à 88 % de forêts, le Gabon se positionne comme un acteur de premier plan dans la lutte contre le changement climatique. Premier pays africain à avoir obtenu la certification pour la réduction vérifiée des émissions de carbone grâce à la gestion durable de ses forêts, il se présente comme un modèle de « pays à puits de carbone positif ». Le Gabon a d’ailleurs accueilli en 2022 la Semaine africaine du climat, une reconnaissance de son leadership environnemental sur le continent. Son engagement se traduit également par la participation active à des initiatives telles que la Commission des forêts d’Afrique centrale (COMIFAC) et le Fonds bleu pour le Bassin du Congo.
LES ATTENTES DU GABON A LA COP Pour Libreville, la COP représente à la fois une tribune diplomatique et une opportunité économique. Le Gabon plaide pour une meilleure valorisation des services rendus par ses forêts, à travers la mise en place effective d’un marché international du carbone équitable et transparent. Le pays espère aussi un renforcement du financement climatique destiné à soutenir la transition vers une économie verte, notamment dans les secteurs de l’énergie propre, de la gestion des déchets et de la protection des zones côtières menacées par l’érosion. Enfin, le Gabon insiste sur la prise en compte du rôle des pays forestiers africains dans la gouvernance climatique mondiale, estimant que la préservation des forêts du Bassin du Congo doit être considérée au même titre que la lutte contre la déforestation en Amazonie. La COP reste un espace de dialogue incontournable, mais la crédibilité du processus dépend désormais de la capacité des États à transformer leurs promesses en actions tangibles. Dans ce contexte, le Gabon apparaît comme une voix singulière du Sud global : celle d’un pays qui, tout en absorbant 8plus de carbone qu’il n’en émet, réclame une justice climatique à la hauteur de son engagement.
