La zone CEMAC anticipe un taux de croissance de 3,4% en 2026 : l’agriculture et les infrastructures comme moteur du développement sous-régionale.
L’effort de diversification des économies des pays de la sous-région d’Afrique Centrale devrait déboucher sur une accélération du rythme de croissance au titre de l’exercice 2026.
L a Commission de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) annonce une prévision de croissance économique régionale à 3,4% en 2026, en progression par rapport aux 2,7% attendus pour 2025. Cette trajectoire, bienvenue dans un contexte mondial marqué par l'incertitude géopolitique et les chocs climatiques, repose sur deux piliers solides : une agriculture revitalisée et un boom des travaux publics. Au-delà des chiffres, cette dynamique illustre les premiers succès des stratégies de diversification, longtemps réclamées pour rompre la dépendance aux hydrocarbures.
L'agriculture, traditionnellement le parent pauvre des économies CEMAC, montre des signes encourageants. Avec une productivité en hausse modérée de 2% à 4% par an – quoique inégale selon les pays et les niveaux d'investissement –, ce secteur bénéficie des efforts d'import-substitution et de modernisation. Au Cameroun et au Gabon, par exemple, les programmes de mécanisation et d'irrigation ont boosté les rendements céréaliers, tandis qu'en Centrafrique et au Tchad, les initiatives contre la déforestation soutiennent une production résiliente. Ces avancées ne sont pas anodines : dans une région où l'agriculture emploie plus de 60% de la population active, une croissance stable de ce secteur pourrait réduire la volatilité des revenus et atténuer les chocs exogènes comme les sécheresses récurrentes.
Les travaux publics, quant à eux, agissent comme un accélérateur puissant. Les investissements massifs dans les infrastructures énergétiques – barrages hydroélectriques au Cameroun, réseaux solaires au Congo – et routières stimulent non seulement l'activité immédiate, mais aussi la compétitivité à long terme. Selon les estimations de la Banque des États de l'Afrique Centrale (BEAC), ces chantiers pourraient contribuer à 1,2 point de pourcentage à la croissance 2026, via des effets multiplicateurs sur l'emploi et la consommation locale. C'est là l'essence des politiques de diversification : transformer les rentes pétrolières en actifs productifs durables, alignés sur l'Agenda 2063 de l'Union africaine.
Pourtant, l'optimisme doit rester mesuré. La CEMAC fait face à des vents contraires : une dette publique en hausse (autour de 50% du PIB en moyenne), une inflation persistante malgré le franc CFA, et une dépendance persistante aux exportations fossiles (plus de 70% des recettes d'exportation). Sans réformes fiscales ambitieuses et une intégration régionale accrue – comme l'harmonisation des douanes –, cette croissance risque de rester friable. Les projections de la CEMAC tablent sur une reprise des investissements étrangers, mais cela suppose une gouvernance renforcée et une stabilité politique, deux défis cruciaux pour le Tchad post-transition ou la Guinée équatoriale en mutation.
En somme, 3,4% en 2026 n'est pas une utopie, mais le fruit d'une stratégie pragmatique. Si les États membres maintiennent le cap sur la diversification, la CEMAC pourrait émerger comme un îlot de résilience en Afrique subsaharienne. Les économistes comme moi y voient un signal fort : l'Afrique centrale n'est plus condamnée à la malédiction des ressources ; elle forge son propre chemin vers une prospérité inclusive.
