En marche vers le renouvellement de la classe politique gaboronaise
Le renouvellement du personnel politique tant sollicité par les gabonais est-il en train de prendre forme sous l’impulsion du Président de la République Brice Clotaire Oligui Nguéma ?
U n certain nombre d’observateurs pensent que le Président Oligui Nguéma applique à la politique la stratégie militaire qui consiste à surprendre ses adversaires notamment par une offensive visant à écarter la vieille classe politique gabonaise qui refuse de prendre sa retraite pour faire émerger une nouvelle génération de dirigeants qu’il espère plus performante et moins corrompue.
Le président Brice Oligui Nguéma, au pouvoir au Gabon depuis le coup d'État de 2023, démontre effectivement une approche stratégique en promouvant une nouvelle génération de leaders. En tant que militaire de formation, il applique une logique de planification méthodique, souvent sous-estimée par les observateurs. Les nominations que vous citez illustrent ce virage :
• Président de l’Assemblée Nationale : Onanga Ndiaye, un proche allié relativement jeune et discret, élu en novembre 2024 lors des législatives. • Maire de Libreville : Mathieu Obame Etoughe, figure montante du parti au pouvoir (ADN), nommé en 2024 pour moderniser la capitale. • Président du Sénat : Huguette Nyhana Ekoume, élue en 2024, apportant une touche féminine et une expérience locale. • Le Ministre de l’Economie, des Finances et de la Dette chargé de la lutte contre la vie chère, Henri Claude OYIMA, un haut cadre du secteur privé disposant d’une expérience professionnelle de plus de 40 ans dans le secteur bancaire en particulier et le monde des affaires en général. Ces choix surprennent car ils écartent les barons traditionnels du régime Bongo, favorisant des profils loyaux mais moins rodés politiquement.
Un renouvellement en marche ? Oui, cela marque un début de régénération. Oligui Nguéma consolide son pouvoir en plaçant des fidèles à des postes clés, tout en répondant à l'aspiration populaire pour du sang neuf après 56 ans de dynastie Bongo. Les élections législatives et municipales de 2024 (où son parti a raflé plus de 101 sièges sur 143 à l’Assemblée Nationale) ont accéléré ce processus, avec une moyenne d'âge des élus plus basse. Cependant, des défis persistent : opacité des financements, accusations de clientélisme, et une transition vers un civil encore floue (élections présidentielles prévues en 2025).
Perspectives stratégiques Le Président Oligui Nguéma mise sur la jeunesse pour légitimer son régime auprès de la rue gabonaise, frustrée par la corruption endémique. C'est un pari risqué : ces "surprises" pourraient soit stabiliser le pouvoir, soit créer des rivaux internes si l'économie (pétrole en berne) ne suit pas. Chaud devant, en effet – le Gabon observe si ce rafraîchissement accouche d'une vraie démocratisation ou d'un simple remaniement cosmétique.
