Le Gabon se positionne au 8ᵉ rang mondial sur la liste des pays les plus exposés au blanchiment d’argent et à la criminalité financière
Le Gabon en largement affecté par la criminalité financière : un classement inquiétant qui alerte sur des réformes indispensables.
S elon le dernier indice Basel Anti-Money-Laundering Index 2025, publié par l’Institut de Bâle pour la gouvernance, le Gabon se positionne au 8ᵉ rang mondial et 4ᵉ en Afrique sur la liste des pays les plus exposés au blanchiment d’argent et à la criminalité financière. Cette notation, qui mesure la vulnérabilité de 177 nations selon 17 critères rigoureusement établis par des organismes influents tel que le Groupe d’action financière (GAFI), Transparency International et la Banque mondiale, met en lumière des failles majeures dans le dispositif gabonais.
Un score alarmant qui traduit un cadre réglementaire insuffisant : Avec une note de 7,43 sur 10, le Gabon est classé dans la catégorie « risque élevé ». Ce niveau de risque révèle des lacunes profondes sur plusieurs fronts clés : la lutte contre la corruption demeure inefficace, la transparence financière et publique est largement perfectible, tandis que les risques liés à l’instabilité politique et juridique fragilisent davantage le pays. Cette situation place le Gabon derrière des pays africains en grandes difficultés, tels que la République Démocratique du Congo (3ᵉ mondial) ou le Tchad (4ᵉ), soulignant l’urgence de mesures robustes pour enrayer cette dynamique dangereuse.
Un contraste notable dans le paysage africain : Alors que la majorité des pays d’Afrique subsaharienne enregistrent une amélioration de leur profil de risque, avec 70% d’entre eux voyant leur situation s’améliorer en 2025, le Gabon et sa zone économique, la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), restent enfermés dans la catégorie des pays à risque élevé. La persistance de cette fragilité dans la région traduit des dysfonctionnements structurels et institutionnels qui impactent durablement la capacité à combattre efficacement le blanchiment de capitaux.
Conséquences économiques et institutionnelles : Ce classement a des incidences directes sur la crédibilité internationale du Gabon. Il risque non seulement de freiner les investissements étrangers, soucieux de la transparence et de la stabilité juridique, mais aussi de compliquer les relations avec les institutions financières internationales et les partenaires commerciaux. La réputation du pays est en jeu, menaçant d’entraîner un isolement progressif dans un contexte économique global de plus en plus vigilance sur les flux financiers illicites.
Un impératif de réforme profonde : Face à cette réalité, le Gabon doit impérativement renforcer son arsenal législatif et institutionnel. La priorité doit être donnée à l’établissement d’un cadre juridique plus strict, assorti de mécanismes efficaces de contrôle et de sanction. En particulier, il est crucial d’améliorer la transparence dans la gestion des ressources publiques, afin de limiter les opportunités de détournement et d’optimiser le suivi des flux financiers. Par ailleurs, la coopération régionale au sein de la CEMAC devra être intensifiée pour harmoniser les normes et cesser d’être un point faible identifié par les évaluateurs internationaux.
En résumé, ce classement n’est pas seulement un signal d’alarme, il constitue une invitation claire à engager des réformes structurelles profondes. La capacité du Gabon à redresser sa situation déterminera son avenir économique et sa place dans le concert des nations respectueuses des standards financiers internationaux. Sans réponses rapides et ambitieuses, le pays risque de s’enfoncer dans un cercle vicieux d’instabilité, pénalisant gravement sa croissance et son développement.
