Séminaire Gouvernemental : Bilan d'étape de la mise en œuvre, des 5 fonds stratégiques annoncés par le gouvernement.
Les fonds stratégiques à l’épreuve de la réalité. Entre progrès sectoriels et pesanteurs structurelles, l’État face au défi de l’opérationnalisation
R éunis en séminaire à Libreville, les membres du gouvernement ont examiné l’état d’avancement des cinq fonds stratégiques mis en place pour soutenir la transformation économique et sociale du Gabon. Si des avancées concrètes sont enregistrées dans plusieurs secteurs clés, des blocages financiers, techniques et réglementaires freinent encore la pleine mise en œuvre de ces instruments censés accélérer le développement national.
Libreville, 14 décembre 2025 (Gabon Daily News) – À l’heure où la Cinquième République ambitionne de traduire ses engagements en résultats tangibles, le séminaire gouvernemental tenu dimanche à Libreville a servi de cadre à une évaluation sans complaisance des cinq fonds stratégiques de l’État. Présenté par le Secrétariat général du gouvernement, le rapport d’étape met en lumière une dynamique enclenchée, mais encore entravée par des contraintes structurelles persistantes.
Premier pilier examiné, le Fonds national Énergie et Eau (FNEE), doté de 82 milliards de FCFA, se positionne comme un levier central de l’accès universel à l’électricité et à l’eau potable d’ici 2030. Placé sous la tutelle du ministère de l’Accès universel à l’Eau et à l’Énergie, le fonds affiche des signaux encourageants, notamment l’identification de cinq partenariats public-privé (PPP) pour un montant global de 15 milliards de FCFA, ainsi que la validation d’un plan national de raccordement. Toutefois, la mobilisation effective des financements et l’insuffisance des capacités techniques ralentissent la concrétisation des projets sur le terrain.
Dans le secteur agricole, le Fonds stratégique agricole (FSA), fort d’une enveloppe de 15,5 milliards de FCFA, entend impulser une véritable révolution productive. Objectifs affichés : la modernisation de 50 000 hectares et la transformation locale de 70 % de la production agricole. Si la cartographie des terres disponibles est désormais achevée, la faiblesse de la coordination des filières et les difficultés d’accès au financement pour les exploitants demeurent des obstacles majeurs à la montée en puissance du dispositif.
Le Fonds gabonais pour l’habitat et le logement (FGHL), doté de 12 milliards de FCFA et placé sous la tutelle du ministère du Logement, de l’Urbanisme et du Cadastre, ambitionne la construction de 10 000 logements afin de réduire un déficit estimé à 30 %. Les zones prioritaires ont été identifiées et des normes de construction durable arrêtées. Cependant, les lourdeurs réglementaires et la rareté du foncier viabilisé freinent le lancement effectif des chantiers.
S’agissant des infrastructures, le Fonds national des infrastructures (FNI), sous la responsabilité du ministère des Travaux publics et de la Construction et doté de 18 milliards de FCFA, vise le désenclavement du territoire national, avec une stratégie de mobilisation de 40 % de financements via des PPP. Si les axes routiers prioritaires sont clairement définis, l’insuffisante articulation avec le Fonds d’aménagement national des espaces et infrastructures rurales (FANEIR) et le déficit d’expertise nationale en matière de partenariats public-privé constituent des freins notables.
Enfin, le Fonds stratégique pour le développement de la pêche et de l’aquaculture (FSDPA), crédité de 7,5 milliards de FCFA et placé sous la tutelle du ministère de la Mer, de la Pêche et de l’Économie bleue, projette une production annuelle de 15 000 tonnes, avec un taux de transformation locale de 80 %. Des avancées significatives sont enregistrées, notamment une réduction estimée à 60 % de la pêche illicite grâce à un plan de lutte renforcé, tandis que les sites aquacoles sont en cours de finalisation. La surveillance maritime et l’absence d’une chaîne du froid performante demeurent néanmoins des défis cruciaux.
Au terme de cette revue stratégique, le constat est clair : les fondations sont posées, les ambitions affichées, mais la réussite des fonds stratégiques dépendra de la levée rapide des contraintes financières, réglementaires et techniques. Un impératif pour transformer ces instruments en véritables moteurs de développement, au service des populations et de la vision portée par les plus hautes autorités de l’État.
