Abstention record aux élections législatives 2025 : les raisons d'une désaffection politique
Quand l’abstention interroge la représentativité
L es élections législatives et locales organisées au Gabon les 27 septembre et 11 octobre 2025 marquent une étape cruciale dans le processus de retour à l’ordre constitutionnel, après la transition entamée à la suite du coup d’État militaire d’août 2023.
Les élections législatives et locales organisées au Gabon les 27 septembre et 11 octobre 2025 marquent une étape cruciale dans le processus de retour à l’ordre constitutionnel, après la transition entamée à la suite du coup de libération militaire d’août 2023. Ce double scrutin — le premier depuis la prise du pouvoir par le Général Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA — vise à doter le pays d’institutions élues et à renforcer la légitimité politique du régime de transition. Près de 800 candidats se sont présentés pour les 145 sièges de l’Assemblée Nationale.
Cependant, au-delà de l’organisation logistique et politique du scrutin, un facteur-clé risque de ternir sa portée démocratique : la faible participation des électeurs. Bien que les chiffres officiels complets ne soient pas encore disponibles, les premiers retours évoquent une mobilisation limitée, en deçà des attentes dans de nombreuses circonscriptions. Ce désintérêt, dans un moment pourtant déterminant, interroge la capacité des institutions à incarner la volonté populaire. Il reflète aussi une méfiance persistante envers les processus électoraux et les élites politiques.
Cette abstention pourrait avoir des conséquences directes sur la légitimité des futurs élus. Dans plusieurs circonscriptions, les députés ont été désignés par une faible minorité des inscrits, affaiblissant ainsi leur autorité politique et leur capacité à représenter l’ensemble des citoyens. Un député élu avec moins de 20 % des suffrages exprimés sur fond d’abstention massive aura du mal à justifier des décisions d’envergure nationale, surtout dans un contexte de refondation institutionnelle.
Le risque est également institutionnel : une Assemblée nationale dont la légitimité est contestée pourrait voir sa crédibilité réduite, tant à l’échelle nationale qu’internationale. Ce déficit de représentativité pourrait alimenter les tensions sociales, renforcer la défiance envers l’État, voire ouvrir la voie à une instabilité politique persistante. Dans un pays où la démocratie reste fragile, chaque rendez-vous électoral devrait au contraire renforcer la confiance des citoyens dans les institutions.
Pour éviter que cette situation ne se reproduise à l’avenir, le Gabon devra s’interroger sur les causes profondes de l’abstention : désillusion politique, manque d’alternatives, déficit de sensibilisation civique, ou encore sentiment d’inutilité du vote. Au-delà des chiffres, la participation est le reflet d’une démocratie vivante. Sans elle, les élections deviennent des rituels formels déconnectés de la volonté populaire. Le défi du nouveau cycle politique gabonais sera donc non seulement de gouverner, mais aussi de regagner la confiance de la population.
